SIZZLING ROMANCE WITH A KICK-ASS PLOT
Nounou pour
Les Marines
Scène bonus
Heather
Six ans plus tard
​
​
​— Restez groupés ! hurlai-je par-dessus le vacarme de la foule. Dustin, tu vas dans la mauvaise direction !
— Je regarde juste ce qu’il y a à manger ! répondit Dustin par-dessus son épaule. Je peux avoir un hot-dog ?
— Il y a à manger dans la suite, répondit Rogan. Allons-y d’abord, et ensuite tu pourras décider si tu veux autre chose.
On parcourait le Staples Center à l’occasion du match entre les Lakers et les Bucks. Parfois, je me sentais comme un berger s’assurant que son troupeau reste uni. Chacun voulait se promener à sa guise. Enfin, surtout les triplés, qui étaient à l’aube de leur adolescence.
— Je veux aussi un hot-dog, dit Micah à ma gauche.
Il avait la même taille que moi. Cet été, il avait eu une poussée de croissance et il dépassait maintenant Dustin et Cora.
— Comme papa l’a dit, on va d’abord dans la suite, répondis-je.
— Ils ont intérêt à avoir des hot-dogs, marmonna-t-il.
On donna nos billets à l’homme qui se tenait devant notre suite. Il nous ouvrit la porte et nous laissa entrer. Les enfants s’engouffrèrent à l’intérieur en poussant des petits cris d’excitation. Sur une table étaient disposés des plateaux en acier inoxydable contenant des plats chauds et sur une autre, diverses bouteilles d’alcool et de liqueur. Un barman se tenait derrière la table, à disposition. À l’autre bout de la suite, quelques rangées de sièges donnaient sur le terrain de basket.
Maurice s’approcha de moi avec LeBron, son bébé, dans les bras.
— Ça te rappelle quelque chose ? me dit-il.
— Oui, ce chaos me rappelle notre voyage à Cabo l’an passé, répondis-je. J’ai passé plus de temps à courir après les enfants qu’à me détendre sur la plage.
Maurice m’adressa un regard patient.
— Ça ne te rappelle rien d’autre ? Genre, il y a six ans ?
Il me fallut un instant pour comprendre où il voulait en venir.
— Bon sang ! gloussai-je. J’avais presque oublié.
— Perso, je n’oublierai jamais, insista Maurice. J’ai presque eu une crise cardiaque ce fameux soir où on s’est faufilés dans la suite ! Excusez-moi, barman ? Avez-vous du Mezcal ? Je suis d’humeur à boire une margarita…
Jason m’adressa un haussement d’épaule en suivant son mari et son bébé vers le barman. Je lui tapotai le bras.
— Maman ! geignit Dustin. Ils n’ont pas de hot-dogs !
— Ils ont mieux que des hot-dogs, répondit Brady. C’est du filet mignon, soit un steak de luxe ! Enfin, je crois. Le fait est que c’est meilleur qu’un hot-dog.
— Je ne veux pas un steak de luxe, je veux un hot-dog, se renfrogna Micah.
Je m’apprêtais à leur dire de se contenter de ce qu’il y avait dans notre suite, mais Mark se tourna vers moi et il me regarda avec ses grands yeux. Mon fils n’avait que six ans, mais il savait obtenir ce qu’il voulait d’un simple regard. Asher et Brady disaient que j’étais trop permissive avec lui. Ils avaient probablement raison.
— Toi aussi, tu veux un hot-dog ? demandai-je.
Mark acquiesça.
— S’il te plaît, maman ?
Comment pouvais-je refuser ?
— Tu veux que j’aille en chercher ? me demanda Brady.
Je fis un geste vers le terrain.
— Non, détendez-vous et profitez du jeu. Je m’en occupe. Je prends les commandes, dis-je en parlant plus fort. Qui veut un hotdog ?
Les quatre enfants levèrent la main, y compris Cora, sans même lever le nez de son livre. Maurice leva la main du petit LeBron en l’air. Je lui lançai un regard exaspéré.
— Quoi ? dit Maurice. Junior veut un hot-dog avec moutarde et oignons.
— OK, je reviens.
Je sortis de la chambre et traversai le couloir des suites. Une vérité universelle sur les enfants étaient qu’ils ne commençaient à apprécier ce qu’ils avaient que plus âgés. Une suite de luxe avec plats à volonté ? Non, ils préféraient un bon vieux hot-dog réchauffé. Un voyage à Cabo avec une visite en bateau du récif local ? Non, ils préféraient jouer dans la piscine de l’hôtel, car elle avait un toboggan en spirale.
Mais mon agacement ne fut que passager. C’étaient des enfants, mes enfants, et j’étais heureuse de leur faire plaisir tant que ça restait raisonnable. Je les aimais de tout mon cœur et s’il le fallait, je traverserais le monde entier pour leur trouver des hot-dogs.
Heureusement, je n’eus à parcourir qu’une trentaine de mètres. La file d’attente était longue et je me répétai la commande dans la tête. Cinq hot-dogs, dont un avec des oignons.
Soudain, j’entendis une voix derrière moi.
— C’est elle. C’est l’intruse !
Un agent de sécurité m’attrapa le bras.
— Madame ? Venez avec moi, s’il vous plaît.
Je m’écartai de lui.
— Pardon ?
La femme qui pointait son doigt sur moi était une petite femme voûtée, aux cheveux blancs relevés en un chignon serré. Elle portait un pantalon jaune et un polo violet, l’uniforme des ouvreurs du Staples Center. Je la reconnus immédiatement.
— Mamie ? murmurai-je.
— C’est la femme du portrait sur le tableau ! insista Mamie. Je la reconnaîtrais entre mille !
L’espace d’un instant, je craignis avoir oublié mon billet, mais il pendait autour de mon cou.
— Voilà mon billet ! dis-je en le brandissant.
L’agent de sécurité ne le regarda même pas.
— Madame, allons en discuter dans le bureau.
Je fus tentée de faire un scandale. De crier, hurler et demander de l’aide. Une Heather Hart plus jeune l’aurait fait. Une Heather Hart qui n’avait rien à perdre.
Mais ce n’était plus moi. J’avais beaucoup à protéger : ma famille, ma carrière, ma réputation. Ainsi, je gardai la tête haute et je me laissai guider jusqu’au bureau de la sécurité.
— Tu vois ? dit Mamie à son collègue en montrant le tableau du doigt. C’est elle ! Son billet est faux.
Au-dessus du bureau, sur un tableau d’affichage, je vis une rangée de portraits accrochés sous un titre écrit en grand : Recherché. Banni à vie. Mon portrait était le troisième. Le quatrième était celui de Maurice. Je souris.
Je me retins de lui demander si elle savait qui j’étais.
— Nous allons vérifier les informations sur le billet, dit l’agent de sécurité et il me retira le billet. Ça ne prendra qu’une minute.
Il composa un numéro sur son téléphone pendant que Mamie me surveillait. Elle avait l’air très satisfaite d’elle-même.
— Je vous aimais plus il y a six ans, dis-je. Vous étiez plus sympathique à l’époque.
Quelques minutes plus tard, Asher franchit la porte. Il sourit poliment et montra à l’agent les informations du billet.
— Elle fait partie des personnes recherchées, dit l’agent à Asher.
Asher fronça les sourcils en observant le tableau.
— Ça ne lui ressemble pas. Et comme je l’ai dit, elle est avec nous, et son billet est vrai. Faut-il que je contacte vos supérieurs ?
L’agent me rendit mon billet en me présentant des excuses. Je lui fis un signe de tête et je lançai à Mamie un regard victorieux en quittant la pièce au bras d’Asher.
— Tu me surprends, dit Asher quand on fut dans le couloir. Je pensais que tu aurais fait un scandale pour avoir été détenue à tort.
— J’ai beaucoup mûri depuis que je suis maman, dis-je. De plus, ils ne m’ont pas détenue à tort. C’était bien moi sur l’avis de recherche. Visiblement, ils restent à l’affût, même au bout de six ans.
— En effet, dit Asher avec un sourire.
On retourna dans la file d’attente pour récupérer les hot-dogs. Sur le chemin qui menait à notre suite, je vis deux adolescents sortir de l’ascenseur. Un garçon et une fille. Clairement, ils n’avaient rien à faire là. Ils regardèrent à gauche, puis à droite et se mirent à marcher d’un pas trop calme, en jetant des regards nerveux autour d’eux.
Je me tournai vers eux, les interceptant quelques secondes plus tard.
— Excusez-moi. Vous n’avez rien à faire ici, n’est-ce pas ?
Ils se figèrent. Pris par l’instinct de lutte ou de fuite, ils semblaient être prêts à prendre leurs jambes à leur cous.
— On est placés tout en haut des gradins, dit la fille rapidement. On ne voit strictement rien.
— Je ne pouvais pas me permettre des billets plus chers, Angie, insista le garçon.
— Je ne veux pas vous causer d’ennuis, leur dis-je. J’aimerais vous inviter dans notre suite. Nous avons beaucoup de place. Il y a vingt-quatre sièges, mais nous ne sommes que douze.
Ils échangèrent un regard.
— C’est un piège ?
— Non, elle est totalement sincère, dit Asher. Croyez-moi. Elle a connu la même situation que vous.
— C’est très gentil de votre part, dit la fille en nous suivant dans la suite. Vous êtes quelqu’un, non ?
— Tout le monde est quelqu’un, répondis-je avec le sourire.
— Non, dit le garçon. Elle a raison. Vous êtes quelqu’un de célèbre. Vous êtes l’actrice de ce nouveau film d’action ! Hart quelque chose…
Eh ouais. J’étais une star de cinéma maintenant. Après un an à tourner des publicités, j’avais joué dans une série Netflix. Après trois saisons, j’avais obtenu un rôle dans un long métrage. Depuis, j’en avais tourné trois autres et joué dans deux d’entre eux. Ouais, j’avais de quoi me la péter.
Mais parfois, j’aimais rester discrète.
— Ah, oui, on me confond souvent avec elle, répondis-je. Venez, notre suite est juste là.
Les enfants bondirent et se précipitèrent vers moi pour récupérer leurs hot-dogs. Ils furent assez polis pour me remercier avant de courir voir le match. La foule rugit. Les Bucks venaient de rater un lancer franc.
— Pourquoi as-tu mis autant de temps ? me demanda Brady. Tu t’es fait arrêter ou quoi ?
— Exactement, répondis-je.
Brady rit comme si c’était une blague. J’échangeai un regard avec Asher et il haussa les épaules.
— Il est connu, lui aussi, chuchota le garçon à sa copine en montrant Maurice du doigt. Je le reconnais. Excusez-moi ? Monsieur ? Vous jouez dans cette série télé, non ?
Maurice était célèbre aussi. Il jouait dans trois séries différentes pour les chaînes CBS et Fox. Il n’avait encore jamais joué au cinéma, mais son agent, qui était aussi le mien, s’efforçait de lui trouver un second rôle dans une comédie romantique.
Maurice fronça les sourcils.
— Une série télé ? Moi ?
— Oui, dit la fille. Celle qui se passe à Boston, avec les trucs paranormaux…
— Vous croisez un Noir gay et vous en déduisez que c’est le même Noir gay de la télé ? ricana Maurice.
Les deux adolescents se confondirent en excuses et s’empressèrent d’aller s’asseoir.
— Tu aimes trop faire ça, dis-je à Maurice en fronçant les sourcils.
— Je ne m’en lasse jamais.
Je pris un verre au bar et je me préparai une assiette de mets chers et succulents, et je pris place à mon tour. C’était bien plus bruyant dehors, en raison du murmure de la foule et du match sur le terrain. De la musique hurlait dans les haut-parleurs.
— Défense ! cria quelqu’un.
Cora avait posé son livre et regardait le match avec enthousiasme.
— Maman, tu crois que je pourrais jouer au basket ?
— Absolument, ma chérie, répondis-je. Surtout si tu as une poussée de croissance comme Micah.
— Tu sais comment avoir une poussée de croissance ? dit Brady en l’entourant avec son bras.
— Comment ?
— En mangeant de la nourriture saine et équilibrée. Pas des cochonneries comme des hot-dogs.
Cora baissa les yeux sur son hot-dog, puis elle se leva brusquement et alla chercher une assiette de steak et de purée à l’intérieur. Brady rit sous cape et s’essuya les mains comme s’il avait bien fait son boulot.
Mark me tira sur la manche.
— Maman ? Qui gagne ?
— Les Bucks gagnent de trois points, mais il est encore tôt, dis-je.
— Il est très tôt, appuya Maurice depuis la rangée en face de nous. LeBron a beau avoir quarante-deux balais, il est capable de maîtriser un match en un clin d’œil, dit-il en faisant rebondir le petit LeBron sur ses genoux. C’est de lui que tu tiens ton prénom. Je pensais qu’il deviendrait mon mari, mais j’ai dû me contenter de ton père.
Jason haussa un sourcil.
— Et j’en suis très heureux, ajouta Maurice rapidement. Ton papa est l’homme de ma vie. Même s’il ne peut pas voler dans les airs et faire un dunk, ajouta-t-il en chuchotant.
Jason se pencha vers lui et l’embrassa.
— C’est ce que je me disais.
Il y eut un temps mort et les deux équipes se réunirent sur la ligne de touche. Soudain, la foule commença à applaudir.
— Maman, regarde ! dit Mark à côté de moi. Je suis sur la grande télé !
Je levai les yeux. En effet, nos têtes s’affichaient sur l’écran géant. En-dessous, le texte disait « Heather Hart, la star de International Assassin ». Je fus tellement surprise que ma fourchette glissa et je me retrouvai avec plein de sauce sur le bras.
Je fis comme si de rien n’était et j’affichai mon plus beau sourire en saluant la foule. Les gens applaudirent de plus belle.
— Je me disais bien que c’était vous ! dit la fille, assise derrière moi.
— Euh, ouais, je suppose que c’est moi. C’est fou, hein ? Je reviens tout de suite, chéri.
Je m’assurai qu’Asher surveillait Mark, puis je retournai dans la suite pour laver mon bras dans la salle de bain. Alors que je me retournais pour me sécher les mains, quelqu’un me rentra dedans par derrière. D’après l’odeur enivrante, je sus immédiatement qui c’était.
— Tu te souviens de la première fois qu’on s’est rentré dedans dans la salle de bain d’une suite ? me chuchota Rogan d’une voix profonde.
Je me retournai et lui souris.
— J’ai oublié. Il s’était passé quoi déjà ?
Il me prit dans ses bras et il m’embrassa longuement et profondément. Avec quatre enfants, les moments d’intimité étaient rares. Alors quand par chance, on se retrouvait en tête à tête, on en profitait au maximum.
— J’aimerais plus qu’un simple baiser, me dit-il, mais je pense qu’il faudra remettre ça à plus tard.
— Vraiment ? dis-je en haussant un sourcil.
— On a de la sauce au chocolat dans le frigo, dit-il. Il me semble que tu aimais ça au Four Seasons.
Je pinçai les lèvres.
— Ça ne me dit rien. Tu vas devoir me rafraîchir la mémoire.
Il se pencha vers moi et posa ses lèvres près de mon oreille.
— Compte sur moi ce soir, quand les enfants seront au lit.
Alors qu’on retournait dans la suite pour prendre un autre verre, je me dit que j’avais bien de la chance.
​
​
Fin
​