SIZZLING ROMANCE WITH A KICK-ASS PLOT
Protection rapprochée
Scène bonus
Elizabeth
Un an après
Personne ne m’a jamais dit qu’être présidente des États-Unis était, la plupart du temps, terriblement ennuyeux.
– Quels sont les nombres exacts ? je demande à ma ministre du Commerce. Nous sommes assis autour de la longue table de la salle Roosevelt pour discuter des volumes d’exportation de soja de la Russie vers la Chine. La ministre du Commerce est une femme aux cheveux gris qui ressemble à la version féminine d’un instructeur de l’armée, tout en lignes acerbes accentuées par un air renfrogné. Elle soulève une feuille de papier et plisse les yeux.
– 400 000 tonnes d’ici 2022, dit-elle sombrement. Madame la Présidente, au rythme actuel, nous estimons que ce nombre sera plus proche du million d’ici 2025.
Ne vous méprenez pas. J’aime chaque minute de chaque jour de ce travail. C’est tout ce dont j’avais rêvé, et bien plus encore.
Mais certains jours sont plus ennuyeux que d’autres. Je fixe le tableau de Theodore Roosevelt à cheval, avec l’emblématique chapeau de cow-boy dont un côté était relevé. Le cheval se cabre dans une pose dramatique. Je parie que Teddy n’a jamais eu à s’occuper avec minutie des exportations de soja.
Nous passons une heure à examiner les différentes sources de soja dans le monde, et la menace potentielle pour nos propres producteurs en Iowa et au Nebraska. Le commerce n’est pas une mince affaire, à tel point que même le ministre de la Défense a son mot à dire concernant l’afflux soudain de soja russe sur le marché mondial. Finalement, il est décidé qu’une autre réunion avec le ministre chinois du Commerce devra être programmée pour le mois prochain.
Je serre la main de tout le monde et quitte la salle Roosevelt. Mon assistante attend juste à l’extérieur, arborant un air affligé.
– Madame la Présidente, le diplomate du Pakistan attend depuis plus de quinze minutes...
– Il pense qu’il est plus important que le soja, n’est-ce pas ?
– Pardon ?
– C’est une blague. (Je regarde ma montre.) Il attendra encore un peu. Je vais déjeuner dans la résidence.
– Oui, Madame la Présidente.
Je sors et marche le long de la colonnade qui relie l’aile ouest à la Maison-Blanche. Mon tailleur-jupe violet, orné de boutons en laiton, épouse ma taille et mon corsage, rehaussé d’un col haut qui me démange lorsque je tourne la tête. Mais il me va à merveille et me fait paraître plus grande.
Les apparences sont bien plus importantes une fois élue leader du monde libre que simple sénatrice de l’Ohio.
Je gravis les marches de l’escalier ancien menant à l’étage supérieur de la Maison-Blanche, où se trouvent les appartements. Ethan se détend dans l’un des fauteuils, face à moi, un livre ouvert dans ses grandes mains.
– Tu sais ce qui est ennuyeux ? dis-je en guise de salutation. Le soja.
Il se tourne dans son fauteuil et me sourit.
– J’espérais que tu rentrerais pour le déjeuner. Pourquoi le soja est-il si ennuyeux ?
– Sans raison, c’est juste la triste réalité, je pleurniche en retirant mes chaussures. Mais c’est une légumineuse super importante. Apparemment, le commerce du soja est le ciment qui empêche le monde de s’écrouler.
– Je n’aurais pas cru. (Il cligne des yeux quand je retire aussi ma culotte.) Tu te changes avant une autre réunion ?
– Non.
– Alors qu’est-ce que tu...
Je me mets à cheval sur ses jambes et l’embrasse.
– Je fais ça...
En quelques secondes, j’ouvre sa fermeture éclair et sors sa longue queue. Je me glisse dessus, soupirant de plaisir une fois que je la sens entièrement en moi.
– Content de te voir aussi, susurre Ethan, son beau visage me souriant. (Il laisse échapper un doux son lorsque je commence à le chevaucher.) Je suis flatté que tu préfères être avec moi plutôt qu’avec quelqu’un de plus important. N’as-tu pas un emploi du temps chargé ?
– Je viens de repousser ma réunion avec le diplomate pakistanais. Rien d’important.
Il ferme les yeux alors que j’accélère le rythme.
– N’ont-ils pas des armes nucléaires ?
– Mmm hmm.
– Tu ferais mieux de... ne pas... les... contrarier... gémit-il.
Dans le confort de mes appartements présidentiels, je chevauche mon garde du corps privé jusqu’à ce que nous devions tous les deux étouffer nos cris pour que les services secrets qui se trouvent devant ma porte n’entendent pas.
J’engloutis ensuite mon sandwich, l’accompagnant d’une autre tasse de café serré. La journée promet d’être interminable. Elles sont généralement toutes longues quand on dirige le pays.
– Ça va mieux avec le Cabinet ? demande Ethan avant de prendre une bouchée de son club sandwich.
– Mieux, mais toujours pas parfait, lui réponds-je. Ils me regardent tous comme si j’étais leur fille et me parlent comme s’ils me faisaient la morale.
– Tu n’en es qu’à ta première année. La plupart d’entre eux ont deux fois ton âge. Le respect viendra, avec le temps.
– Je sais. Mais en attendant, c’est frustrant.
Il m’embrasse sur la joue, laissant une petite trace de mayonnaise derrière lui. Il la frotte avec son pouce.
– C’est toi la présidente des États-Unis. Pas eux. Ne les laisse pas te démoraliser.
La façon dont il parle de moi a le don de me rassurer. Comme s’il renforçait ma carapace, me rappelant qui je suis. Je ne sais pas comment je pourrais faire ce travail sans lui et les autres à mes côtés. Je me serais effondrée dès le premier jour.
Je termine mon sandwich, je l’embrasse pour lui dire au revoir et retourne à l’aile ouest avec encore plus de peps dans ma démarche.
Je croise un agent des services secrets dans le hall près du bureau du porte-parole de la Maison-Blanche. Après mon investiture, j’ai passé quelques coups de fil pour faire entrer Anthony duBois dans les services secrets. Il a été difficile de les convaincre d’assouplir leurs règles concernant les tatouages visibles, mais il s’y plaît bien plus qu’à la police du Capitole. Et pas seulement parce que cela signifie qu’il reste proche de moi.
Il pousse un petit grognement quand je passe. Du genre que fait un gars quand son steak juteux arrive à la table. Du genre qu’il a fait la première fois qu’il m’a vue au Capitole il y a deux ans.
– Pardon ? dis-je, en m’arrêtant. (Il n’y a personne à proximité, ce qui nous permet de plaisanter un peu.) Je peux vous aider en quoi que ce soit, Agent duBois ?
Le sourire d’Anthony étincelle dans ses yeux sombres.
– Il y a beaucoup de choses pour lesquelles tu pourrais m’aider, mon chou, dit-il d’une voix profonde et suggestive.
– C’est Madame la Présidente, je corrige en lui adressant ma meilleure grimace présidentielle. Je vous attends ce soir dans mes appartements afin que je puisse vous donner une bonne leçon sur le respect.
– Oui, Madame la Présidente.
Je le sens mater mon cul le reste du chemin dans le couloir. Je ne peux m’empêcher de sourire à cette idée.
Luca attend à la porte du Bureau ovale. Il porte le costume des services secrets bien plus naturellement qu’Anthony, mais bon, il faut dire qu’il le porte depuis près de vingt ans.
– Il n’arrête pas de se plaindre, annonce-t-il en faisant allusion au diplomate pakistanais qui attend à l’intérieur.
– Bien. Plus il transpire, plus il sera facile de le convaincre de nous laisser utiliser ses bases aériennes pour trois années supplémentaires. C’est exactement ce que je veux.
– Je n’en doute pas, Madame la Présidente.
Nous échangeons un sourire complice avant qu’il ne m’ouvre la porte.
La réunion avec le diplomate se déroule exactement comme je l’espérais, bien que les civilités et les détails prennent presque deux heures. Après ça, j’assiste à un briefing de sécurité sur l’escalade des tensions en Afrique centrale, avec une mise à jour rapide sur le programme de missiles balistiques de la Corée du Nord. Puis je pars en cortège pour visiter la Whitman Walker Clinic dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le sida, avec une heure de rencontres et de photos, suivie d’un événement similaire à l’université Howard auquel assistent des dignitaires religieux locaux. Luca se trouve à mes côtés tout au long de ces événements, jusqu’à notre retour à la Maison-Blanche.
Puis suivent deux heures de réunions avec mon équipe pour discuter de la politique et du programme. Trente minutes avec mon conseiller économique John Street, et quarante-cinq avec Stephanie Berger de la Sécurité nationale. Tout cela exige que je reste attentive et concentrée, et lorsque je rentre à la résidence à 18 h 30, je suis épuisée.
– Tu as bien travaillé aujourd’hui, déclare Luca à mes côtés.
– Tu dis ça tous les jours.
– Je le pense tous les jours, Madame la Présidente.
Je souris à l’agent musclé.
– Je ne me lasse jamais de l’entendre.
Ethan et Anthony jouent déjà aux échecs quand nous arrivons.
– Qui gagne ? je demande.
– Moi, dit Anthony.
Aucun des deux ne lève les yeux de leur partie.
– Tu gagnes cette partie, corrige Ethan. Je mène trois parties contre deux.
– Ouais, ouais, on verra.
J’envisage de me changer, mais je n’ai pas l’énergie pour aller jusqu’au placard de la chambre. Mais j’ai par contre assez d’énergie pour aller dans le tiroir de la table d’appoint et en sortir une boîte à bijoux décorée de perles. J’en sors trois alliances presque identiques, chacune incrustée de petites pierres précieuses.
Celle avec les émeraudes vient d’Ethan, vertes et vives comme ses yeux.
Les grenats sont un cadeau d’Anthony, pour célébrer les lasagnes que je lui ai préparées ce premier soir, il y a tellement longtemps.
Pour Luca, ce sont des diamants. Pas pour une raison particulière. Juste parce qu’il pensait que je méritais de porter des diamants.
Je ne peux pas les porter en public, mais je n’oublie jamais de les mettre au moment où je rentre dans la résidence à la fin de la journée. Quand nous sommes tous ensemble.
Un jour, quand tout cela sera terminé, nous pourrons nous installer quelque part et vivre une vie normale. Ou du moins normale en comparaison à maintenant. Mais pour l’instant, le secret est indispensable.
Aucun d’entre eux ne semble s’en soucier. Ils comprennent.
Je me laisse tomber dans l’un des fauteuils – celui dans lequel j’ai trouvé Ethan cet après-midi – et laisse échapper un long soupir.
Ethan me regarde.
– Longue journée ?
– Elles sont toutes longues. Mais celle-ci est plus longue que la plupart.
– Le chef a apporté le dîner il y a cinq minutes, annonce Anthony. (Il prend soigneusement une tour, la déplace sur l’échiquier, puis la lâche.) Du rôti aux carottes.
– Je suis trop fatiguée pour soulever une fourchette, j’avoue mélodramatiquement. Donnez-moi la becquée, s’il vous plaît.
J’entends qu’on débouche une bouteille dans la pièce voisine.
– Je t’apporte une assiette tout de suite.
Anthony grimace en voyant Ethan capturer la tour qu’il vient de placer. Il se lève et s’approche de ma chaise.
– Mec, on n’a pas fini, se plaint Ethan.
– Alors tu as gagné, dit le nouvel agent des services secrets.
Il porte toujours le costume-cravate et a l’air aussi fringant que possible lorsqu’il s’agenouille à mes pieds et retire mes chaussures.
– Un massage des pieds ?
Il enfonce son pouce dans ma voûte plantaire, faisant instantanément disparaître une grande partie de la tension dont je ne soupçonnais pas l’existence. Je pousse soupir d’un tout nouveau genre et m’adosse à la chaise.
– J’avais besoin de ça.
– Tu as aussi besoin de ça, dit Luca en revenant de la cuisine avec deux verres de merlot. Cette bouteille était un cadeau du Premier ministre canadien. De leur millésime 1992.
J’accepte le verre et le hume.
– Je ne savais pas que le Canada était connu pour ses vignobles.
– Il ne l’est pas. (Luca prend une gorgée.) Mais ce vin très bon.
Je goûte le mien.
– Très bon en effet.
– Bénies soient les nations alliées.
– Où sont nos verres ? demande Anthony en continuant à masser mes pieds. Ethan hoche la tête en signe de solidarité.
– Je travaille pour elle, pas pour toi, dit Luca.
Ethan se penche pour déposer un baiser de bonsoir sur mes lèvres.
– Veux-tu que je te serve une assiette ?
– Oh oui, s’il te plaît. Avec un supplément de carottes.
Il m’apporte mon assiette bien garnie, mais je n’insiste quand même pas pour qu’ils me nourrissent. Ethan et Luca prennent également chacun une assiette, et nous nous asseyons pour discuter de la journée. Avoir quelqu’un à qui se confier est essentiel dans ce travail, je m’en rends compte. Avoir trois personnes de confiance, c’est encore mieux.
Dès qu’Ethan a fini de manger, il prend la place d’Anthony à mes pieds pour que celui-ci puisse dîner à son tour. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter des gardes du corps aussi affectueux, mais ils sont tous complètement dévoués à mon bien-être. Aussi bien physiquement que mentalement.
Ethan me débarrasse de mon assiette, puis grimpe derrière moi sur le fauteuil, se glissant afin de se positionner comme si nous étions dans un kayak. Je me penche légèrement en avant pour le laisser me masser les contractures de mes épaules et de mon dos.
– Vous n’avez jamais souhaité que je perde l’élection ? je demande soudainement.
Je sens les doigts d’Ethan s’arrêter.
– Pourquoi demandes-tu cela ?
– Je ne sais pas. Tous les trois, vous auriez une vie plus normale. Nous n’aurions pas à nous cacher autant.
– J’aime bien la clandestinité, dit Anthony en faisant tourner le vin dans son verre. Et puis, j’aime bien les verres à pied de Martha Washington.
Luca examine son verre.
– Je pense qu’ils ont été choisis par les Kennedy.
– Peu importe. Je les aime bien. (Anthony fait un geste de la main autour de la pièce.) J’aime tout ça. C’est bien mieux que d’être un simple agent de la police du Capitole. Ou garde du corps d’un sénateur.
– Sans toi, on m’aurait renvoyé des services secrets, confesse lentement Luca. Tu m’as permis de continuer à faire ce que j’aime, Elizabeth. Avec en prime la possibilité de protéger la femme que j’aime.
– Je n’aurais pas dit mieux ! déclare Ethan en se penchant en avant pour m’embrasser dans le dos.
Nous recommençons à parler de nos journées respectives, les mecs racontent les rumeurs qui circulent sur le reste de mon cabinet et me parlent des visiteurs qui sont venus dans l’aile ouest aujourd’hui. J’ai décroché le job de mes rêves, entourée des hommes de mes rêves de jour comme nuit. Je ne pourrais demander mieux.
Je sais qu’un jour, tout cela se terminera. Je devrai alors retourner à la vie normale en tant qu’ex-présidente. Mais pour l’instant, nous nageons tous les quatre en plein bonheur.
Alors je ferme les yeux et en savoure chaque instant.
Fin